Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/155

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locales précédèrent le coup de foudre du 14 juillet qui, frappant à mort le vieil arbre, fut le signal de la tempête.

La marée des idées et des événements dura cinq années et couvrit tout, découronnant les Tuileries, déracinant les trônes. Puis, comme il y avait eu le flux, il y eut le reflux. Les plus révolutionnaires des novateurs furent guillotinés, les autres pactisèrent avec l’ennemi, les idées se mitigèrent : la fusion entre le monde du passé et celui de l’avenir s’accomplit.

Profitant de la lassitude générale, de l’écrasement des nobles, de l’ignorance du peuple, la classe moyenne, — moyenne en tout, en conceptions, en courage — accapara pouvoir et capitaux ; en un mot, escamota la Révolution.

Certes, on ne peut faire un crime aux hommes d’alors de n’avoir pas prévu l’évolution industrielle et commerciale du siècle qui allait suivre. La science sociale, même de nos jours, est encore trop imparfaite pour permettre d’entrevoir l’avenir autrement que dans ses grandes lignes. Il n’en est pas moins vrai que les représentants du Tiers s’attribuèrent le butin de la victoire avec un égoïsme monstrueux : « Les révolutions qui se sont passées depuis trois ans, écrivait Lepelletier de Saint-Fargeau, ont tout fait pour les autres classes de citoyens, presque rien encore pour la plus nécessaire peut-être, pour les citoyens prolétaires dont la seule propriété est dans le travail. La féodalité est détruite, mais ce n’est pas pour eux ; car ils ne possèdent rien dans les campagnes affranchies. »