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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/156

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Si l’industrialisme gigantesque du xixe siècle était difficile à prévoir, tout au moins, les législateurs qui s’arrogèrent une autorité plus absolue que celle d’un monarque eussent-ils pu trouver des solutions équitables pour favoriser l’émancipation du prolétariat agricole. La propriété foncière reprise aux seigneurs eût pu être transformée en propriété communale, accessible à tous les paysans. Mais les plus hardis de ces révolutionnaires politiques reculèrent devant une transformation propriétaire ; d’ailleurs, toute la tourbe des agioteurs affluait, agitant des assignats, le nouvel État avait besoin d’argent, et le sol, morcelé à l’infini, fut attribué aux seuls assez riches pour le payer. Les misérables hors d’état d’acheter des biens nationaux devinrent des salariés.

L’ancien régime avait eu deux sortes d’adversaires :

Les idéologues, qui revendiquaient le droit de penser et rêvaient de substituer au dogme du droit divin un contrat social dont ils seraient les rédacteurs ;

Les matérialistes, qui voulaient, avant tout, conquérir le droit à la vie.

Les premiers proclamèrent les Droits de l’Homme, firent et défirent quatre constitutions et entrèrent dans l’histoire drapés en philosophes législateurs.

Les seconds jetèrent bas les nids féodaux, rasèrent les églises, prirent possession du sol, emportèrent la Bastille au 14 juillet, les Tuileries au 10 août, coururent spontanément à la frontière refouler l’invasion monarchique, violèrent la Convention rebelle et ne s’arrêtèrent qu’exténués, décimés, trahis par leurs anciens meneurs devenus leurs maîtres. Toute