Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/157

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la grosse besogne de la Révolution a été faite par eux et, pour prix, ils n’ont récolté qu’épithètes ignominieuses.

Le Tiers-État ayant triomphé dans la nation et les avocats dans le Tiers, Robespierre devint le pontife de la Révolution. Il était bien l’homme du moment et de la caste arrivée : assez politique pour surmonter les embûches des partis, assez ferme pour frapper sans pitié à droite et à gauche ; du reste, ignorant tout du peuple. Ces métaphysiciens étatistes ne dépassaient guère l’enceinte de la Convention, tout au plus celle du club des Jacobins où se mijotaient les popularités.

D’autres hommes, vivant plus près des déshérités, virent où était la plaie et, sincèrement, cherchèrent le remède. Jacques Roux, qui conduisait les faubourgs à l’assaut des accapareurs ; Chaumette, Vincent, Hébert, qui rêvaient Commune bonne mère assurant à tous la suffisante vie ; après eux, Babeuf, qui proclama non plus Commune mais Communisme, furent les précurseurs d’une révolution à venir, fille de la première ; de leur sang est né le socialisme moderne. Alors que la masse, enfiévrée par ses tribuns, mourait pour des abstractions, que la religion de la Patrie, des Droits de l’homme et des immortels principes, entée sur un vague déisme, disputait la place au vieux culte proscrit, les enragés prêchant la satisfaction des besoins matériels et déclarant le riche aussi despote que le noble, jetaient les germes de cette révolution prolétarienne dont notre fin de siècle est destinée à accoucher.

Les besoins matériels du peuple, vraiment ils s’en