Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/162

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ment écraser leurs infortunés rivaux. Plus tard, la vapeur, dont on commençait vaguement à entrevoir le rôle immense, devait, annihilant de plus en plus la petite industrie, créer tout un peuple de salariés usant leur vie à édifier pour leurs maîtres des fortunes énormes.

Au point de vue de la production agricole, même phénomène. Les plus perspicaces des conventionnels avaient compris que la Révolution, si profondément paysanne jusqu’en 93, n’aurait de vitalité que si elle assurait à tous ce complément indispensable de la liberté, le bien-être, par la possession d’un capital productif. Et quel capital plus productif que la terre ? Toute une école d’économistes, les physiocrates, avait prêché le retour à cette mère commune, trop négligée pour les grandes villes, ces foyers de corruption physique et morale.

Mais comment s’effectuerait ce retour à la terre qui, fécondée par un travail opiniâtre, décuplerait de fertilité ? (Jamais le sol, constate Michelet, ne fut mieux travaillé que pendant l’année qui suivit la dépossession des seigneurs). Les plus avancés, obéissant malgré eux à leur rage de pasticher les vieilles formes romaines, rêvaient partage et loi agraire. Avant Babeuf, nul d’entre eux n’osa concevoir un état social où les sources de production rendues communes, c’est-à-dire indivisibles et inaliénables, donneraient à tous les humains la jouissance des produits.

La révolution de 1789 fut, en effet, nettement individualiste. De là, vint le développement intellectuel et aussi l’asservissement économique du prolétariat :