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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/161

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ner la tête ! — la France lasse d’escalader le ciel, d’amasser les empires, d’accaparer le monde ; la France assouvie de gloire ; la France brisée, couchée sur un matelas de cadavres, couchée sur un lit de lauriers ; la France épuisée d’hommes, d’argent, de crimes, d’idées, d’éloquence ; — la France, comme Mirabeau mourant, ne demandant aux médecins de ses destinées qu’une chose, une seule chose : — dormir », crut, en se jetant dans les bras de Bonaparte, avoir trouvé le repos.

D’ordre économique : la grande lutte industrielle et commerciale commençait. Les liens des vieilles corporations ayant été tranchés, les initiatives purent plus librement surgir et se faire place. Les écrivains comme Drumont, qui voudraient nous ramener au bon vieux temps, feignent de regretter cet emprisonnement du prolétaire dans des corporations fermées, jalouses, ennemies les unes des autres et savamment hiérarchisées. « Il y avait plus de solidarité », gémissent-ils, mais cette solidarité lourde, autoritaire, imposée par des règlements et non par la conscience, était devenue insupportable à tous et, lorsque l’Assemblée constituante abolit jurandes, maîtrises et privilèges corporatifs, un cri de joie s’échappa des poitrines ouvrières.

Seulement, on tomba dans un excès tout opposé, — chose fréquente en temps de révolution. Qu’allait être le développement de l’industrie et du commerce, sinon une grande bataille entre producteurs ? Et, dans cette bataille, les mieux armés, c’est-à-dire les plus intelligents ou les plus riches, allaient fatale-