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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/167

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de tigresse : malheur à leurs victimes ! jacobines fouettées, sans-culottes assommées, le poignard du bandit et l’épée du ci-devant venant en aide à la guillotine dans sa besogne contre-révolutionnaire, les fougueux tribuns de la veille, captifs, comme Tallien et Barras, de ces séduisants démons, le débordement de toutes les luxures, — ah ! on les avait voulues républicaines et austères, eh ! bien, les voilà dévotes royalistes et courtisanes : c’est l’époque des bas fleurdelysés, des robes de linon, des étoffes transparentes et des poitrines nues : Vénus et Marie liguées contre Marianne. « Le 9 thermidor, a dit Michelet, fut la réaction de la femme. »

C’en est fait : comme un ressort qui, tendu jusqu’au bout, se détend ensuite sans interruption, la contre-révolution poursuit sa marche inexorable. Les unes après les autres, les têtes tombent : têtes de jacobins après têtes d’anarchistes, têtes de modérés, têtes de libéraux, têtes de suspects : la terreur a changé de camp.

Et, c’est à ce moment où la Révolution, délaissée par la masse prolétarienne qu’elle n’a pas su émanciper, semble à l’agonie, qu’une poignée d’hommes complote une révolution autrement profonde. « Du pain et la Constitution de 93 ! » avaient clamé, en prairial 95, cent mille affamés déferlant en houle humaine sur la Convention. Un an plus tard, avec Babeuf, Darthé, Buonarotti, Sylvain Maréchal, le communisme apparaissait, revendiquant non plus un morceau de pain, mais le tout à tous.

Babeuf et Darthé payèrent de leur vie ce beau