Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/170

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nomiques étaient en jeu. Les chants homériques peuvent nous retracer la majesté d’Atride ou les emportements du fils de Pélée, semblable aux dieux ; derrière les héros argiens, prompts à s’émouvoir pour des enlèvements de reines ou d’esclaves, s’agitait le marchand rapace. De tout temps, le chef d’État a été commis de banquier ou banquier lui-même.

En dépit des mensonges conventionnels des historiens, la lutte à mort de la France et de l’Angleterre pendant la Révolution et le premier Empire fut une guerre commerciale. Le principe monarchique, au fond, elle s’en souciait peu, cette aristocratie britannique, mâtinée de comptoir qui, un demi-siècle auparavant, avait accepté une révolution régicide complétée, quarante ans plus tard, par un coup d’État libérâtre. Qu’importait aux lords la tête de Louis XVI qu’ils eussent peut-être pu sauver ! la restauration des Bourbons n’était que le prétexte d’une immense entreprise financière. Le marché européen serait-il aux produits anglais ou français ? À qui le café, le cacao, la vanille, les épices, le rhum et tous les produits des colonies ? L’Angleterre s’empare de la canne à sucre et la France invente la betterave[1].

Que l’on s’étonne, dès lors, du développement prodigieux que prend l’esprit chauvin et mercantile, sous le couvert de la gloire, de la patrie et des immortels principes de 89 ! Commencée au nom de la

  1. Privée du sucre de canne par le blocus anglais, elle perfectionna et étendit les procédés allemands pour la fabrication du sucre de betteraves.