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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/181

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papauté industrielle prônée par les saint-simoniens : ou ce gouvernement doit tout mener, et, alors, plus de liberté, ou il s’efface et, dans ce cas, il devient inutile.

Il y a là une contradiction flagrante : il est vrai que d’après le philosophe, chefs de groupes et gouvernants seront plutôt des initiateurs que des maîtres. Mais le propre du pouvoir n’est-il pas de chercher toujours et quand même à dominer et si les inférieurs sont libres de discuter, de ne pas obéir, — quel chaos ! — pourquoi maintenir l’inégalité, pourquoi surtout enfermer les bienheureux habitants du phalanstère dans des classifications multipliées à l’excès, reconstituant ainsi des castes inévitablement appelées à se jalouser et à détruire l’harmonie si chère au maître ?

Avec ses fantaisies et ses erreurs, Fourier n’en fut pas moins un penseur de premier ordre. Sur bien des points, il a percé le voile mystérieux qui nous cache l’avenir. Alors que la plupart des théoriciens affectaient de ne voir dans l’individu qu’un rouage des plus secondaires, recevant toute impulsion de ce moteur principal l’État, il ose affirmer que l’individu c’est l’organisme social par excellence, que l’être humain a un droit absolu non seulement à la suffisante vie mais à un minimum de bien-être satisfaisant. Et cette revendication audacieuse est devenue aujourd’hui celle du parti révolutionnaire le plus avancé. Réforme sociale de la commune ; constitution des collectivités humaines par voie d’expérimentation et de libre initiative ; harmonisation des intérêts individuels avec les