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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/186

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grandes villes ou même à une seule nation, elle ne serait pas viable. Pour ces jacobins, qui rêvent une transformation sociale à coups de décrets, l’étranger est un barbare et le prolétariat rural ne compte pas ; les villes, disent-ils, feront marcher les campagnes ; alors que, plus lent, certes, à comprendre que l’ouvrier des villes, mais autrement tenace, le cultivateur, de plus en plus dépouillé par la reconstitution de la féodalité terrienne, est destiné à devenir le principal acteur de la révolution !

À côté de Blanqui cherchant, par le fusil, à conquérir la République socialiste pour, de là, arriver au communisme, le pacifique Cabet, communiste également, prêche un nouveau christianisme, — tout comme Saint-Simon. Prenant à témoin le Christ, les apôtres et l’Évangile, il combat la propriété individuelle au nom de la fraternité. Il ne faut pas lui en demander plus long. À cette époque où chaque théoricien, gagné par la contagion, s’affirmait envoyé de Dieu, qui donc eût daigné s’occuper des arguments scientifiques ? Il ne pouvait y avoir place que pour la foi, qui ne raisonne pas, et le sentimentalisme, si facile à égarer : aussi les déceptions seront-elles nombreuses ?

Le père Cabet, ainsi que l’appellent ses enthousiastes admirateurs, après avoir vanté dans un roman célèbre : Voyage en Icarie, les bienfaits du communisme, part avec de nombreux adeptes expérimenter sa doctrine en Amérique.

Déjà, maints essais de colonisation socialiste avaient eu lieu hors de la vieille Europe. À New-Harmony, Owen, riche Anglais, mettait à l’épreuve