Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on n’a jamais eue et vers laquelle le peuple se sent attiré d’instinct, sans bien la comprendre, est incompatible avec une autorité gouvernementale, — l’État républicain sera la dernière forme du pouvoir ; suffrage universel ignorant, qui noie la clairvoyance des penseurs, toujours minorité, sous la brutalité du nombre ; suffrage universel exploité, domestiqué, leurre tendu aux crédules pour désarmer leurs revendications ; suffrage universel qui, en somme, n’aboutit qu’à une délégation de pouvoir. N’importe ! ceux qui alors, en pleine monarchie orléaniste, proclamaient cet au-delà, ouvraient les digues au torrent. Oh ! ce torrent, la bourgeoisie épouvantée mettra tout en œuvre pour l’arrêter, pour le canaliser, mais rien n’y fera : rusant, réprimant, louvoyant, la caste arrivée est contrainte d’aller, poussée par cette même masse qu’elle écrase. Derrière les beaux parleurs en toge et les pastiches de tribuns à la romaine, s’agitent des hommes aux figures énergiques, rudes travailleurs qui se hâtent, — la vie pour eux étant courte, — de frayer les voies à la révolution sociale.

Avec Proudhon, homme d’étude, l’élite du prolétariat commence enfin à se détacher des idoles. En dépit des griseries majestueuses de la Convention, célébrées par Louis Blanc, en dépit des apothéoses napoléoniennes, de la fausse monnaie du libéralisme, les plus conscients des travailleurs comprennent que, seuls, ils seront aptes et intéressés à s’émanciper. « Quiconque, s’écrie Proudhon, pour organiser le travail, fait appel au capital ou au pouvoir, en a menti. L’organisation du travail doit