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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/190

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être la déchéance du capital et du pouvoir. » C’était l’anarchie posée en principe.

De plus en plus, la scission s’accentue entre ces deux alliés de la veille : la bourgeoisie capitaliste, le peuple ; le drapeau rouge s’élève contre le tricolore, la Carmagnole contre la Marseillaise.

Sous l’influence de Proudhon, aussi révolutionnaire avec sa dialectique que Blanqui avec son fusil, le socialisme se dégage de plus en plus de ses nébulosités primitives. Quels que soient les restes de religion qui s’y mêlent encore, il se présente désormais fait, non d’espérances posthumes mais d’aspirations toutes matérielles. Il ne dira plus comme le christianisme : « heureux ceux qui ont soif ! Heureux ceux qui ont faim ! » Le jeûne a trop longtemps duré : « Bien-être ! » crient les déshérités ; « Liberté » ! crient aussi les esclaves ; double clameur qui, appelant les masses à la bataille, leur indiquera de plus en plus le chemin à parcourir et le but à atteindre : lutte contre le monopole capitaliste pour aboutir au communisme ; lutte contre le pouvoir menant à l’anarchie.

L’anarchie ! Ce mot terrible, jeté autrefois comme une injure à la face des violents, Proudhon le relève et, le premier, l’applique à une conception sociale : « Le pouvoir est perdu en France », écrit-il (Idées révolutionnaires). Et, ailleurs, il développe sa théorie : « Le but de la révolution consistera à substituer le régime économique et industriel au régime gouvernemental, féodal et militaire, de la même manière que celui-ci, par une révolution antérieure, s’était substitué au régime théocratique ou