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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/198

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les ennemis acharnés de l’Allemagne. « Le Français, a dit très spirituellement un écrivain, est un celtate de latin. »

Pour la langue, elle est restée surtout romane : le parler germanique n’a pris racine que chez les Celtes du Nord : Flamands et Anglais.

Pour la religion, le christianisme ne s’y est bien développé que parce qu’il correspondait aux vieilles croyances druidiques et que les cérémonies païennes dont il s’était entouré subjuguaient une race docile aux impressions des sens et réfractaire aux abstractions de la raison pure : la mythologie germaine n’est entrée qu’à titre accessoire dans les superstitions du moyen âge.

Pour la philosophie qui, depuis deux siècles, a reçu de l’Allemagne une si grande impulsion, panthéiste d’abord, matérialiste ensuite, elle a influé davantage, mais accommodée au génie français amoureux de clarté et, de plus en plus dépouillée de ce fatras logomachique cher aux universités d’Outre-Rhin. Et, d’ailleurs, si les Büchner d’aujourd’hui ont été possibles, c’est peut-être, grâce à leurs prédécesseurs, les gaulois Rabelais et Diderot.

L’Allemagne, unifiée et dont le développement industriel ne le cède qu’à celui de l’Angleterre et des États-Unis, est devenue la patrie du socialisme. Mais ce socialisme, elle l’a fait à son image : méthodique, autoritaire, étouffant toute initiative individuelle sous une centralisation de fer. Façonnés au joug depuis des siècles, les travailleurs allemands l’ont, en grande majorité, accepté, mus par le désir