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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/206

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pouvoir, né de la veille, qui donne un aperçu de ce que serait l’État ouvrier. Devant la centralisation, — essentiellement monarchique dans son principe, — qui réunit tous les fils dans la main d’un seul homme, ils proclament l’autonomie et la fédération des groupes.

L’hostilité grandit de plus en plus entre autoritaires et fédéralistes : ceux-ci reçoivent l’épithète d’anarchistes, insulte dans la pensée de leurs adversaires. Mais, depuis Proudhon, l’anarchie était une conception positive : organisation sociale sans autorité, substitution du contrat à la loi permanente, autonomie de l’individu dans le groupe, du groupe dans la commune, de la commune dans la fédération. Les amis de Bakounine relevèrent le mot, comme avaient fait jadis les « gueux » et les « sans-culottes ».

Il serait puéril de ne voir dans ce conflit que la lutte de deux individus, trop imbus de leur propre personnalité pour se concéder la suprématie. Les deux hommes qui se disputèrent la direction, sinon officielle du moins morale, du mouvement internationaliste ne se heurtèrent avec tant d’animosité, tant de persistance que parce qu’ils incarnaient deux tendances absolument opposées.

Dès lors, l’Internationale ira se déchirant elle-même, jusqu’au Congrès de La Haye (2 au 9 septembre 1872), où elle se scindera en deux tronçons, — l’un autoritaire avec Marx, l’autre libertaire avec Bakounine, — qui, sous les lois répressives des gouvernements, se dissoudront à leur tour.

Aujourd’hui, malgré les efforts de Most et de quelques autres anarchistes allemands pour la ressusciter