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CHAPITRE XIII


MARTYROLOGE PROLÉTARIEN. — LA VOIE SANGLANTE.


Comme toutes les croyances formées au sein de la masse et luttant contre le pouvoir pour se faire jour, le socialisme a eu ses martyrs : les uns célèbres, vénérés, passés à l’état de saints pour une foule trop portée à remplacer une religion finie par une religion nouvelle, les autres inconnus, fauchés silencieusement dans l’oubli ou couchés pêle-mêle par le canon des guerres sociales.

« Sang de martyrs, semence de chrétiens ! » s’écriait Tertullien, il y a seize siècles. Si le socialisme, tendant aujourd’hui à sa forme la plus haute en même temps que la plus simple, l’anarchie, a conquis les masses en moins de cent ans, c’est après avoir parcouru un long cycle de persécutions et d’épreuves.

Les patriciens de la vieille Rome jetaient leurs esclaves vivants en pâture aux murènes de leurs viviers. Les seigneurs du moyen âge détroussaient