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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/21

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simple instrument. Les autres rois eurent à lutter contre des démagogues au verbe enflammé, qualifiés de prophètes et qu’une partie du peuple, plus durement asservi que jamais, soutenait de ses vœux et de ses espérances. Il va sans dire que ces ennemis de la royauté faisaient fréquemment intervenir le ciel pour augmenter leur ascendant sur les masses. De tous, le plus fameux paraît être Élie, dont l’image reste dans le peuple, bientôt extraordinairement agrandie. Ses deux retraites au désert, où il fut contraint de se réfugier pour échapper au ressentiment du roi Achab, devinrent l’objet d’une légende. Comme tous les prophètes, il était accompagné de disciples dévoués, vivant en parfait communisme : la fiction le fait nourrir, pendant la première retraite, par un corbeau qui lui apportait de la viande, et, pendant la seconde, par un ange. C’est sous la domination grecque qu’a été échafaudée la Bible, avec des fragments de légendes hébraïques, comme fut l’Illiade avec les vieux récits de la guerre de Troie. Or, tout en faisant la part de l’exagération orientale, l’étymologie (Angelos, messager) nous montre dans quel sens purement terrestre a souvent été employé le mot ange.

Les Juifs vécurent dans un état de tension continuelle. Placés au milieu de peuples hostiles, submergés plusieurs fois par le flot montant des grandes invasions, ils se défendirent courageusement contre les Égypto-Éthiopiens, les Babyloniens, les Perses. Alexandre le Grand les avala d’une bouchée. À partir de ce moment, une fusion commença entre les idées nouvelles importées d’Occident et le ju-