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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/211

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Lorsque les fournitures à livrer sont nombreuses, les geôles s’emplissent comme par miracle. Voilà ce qu’il y a au fond des formules solennelles de la justice : la justice, comment y croiraient-ils ces magistrats, domestiques de tous les régimes ? Il y a tout simplement une question de production à bas prix : tant pis pour l’industrie libre si cette concurrence l’écrase. C’est du socialisme à la sauce gouvernementale.

L’influence du milieu a été démontrée scientifiquement : on lui doit toutes les modifications des espèces. Nulle part, elle n’est aussi pernicieuse qu’en prison. L’homme sort de là criminel endurci, pédéraste et souvent pis : mouchard.

Même tableau dans tous les pays à civilisation capitaliste. L’Allemagne, rongée par le chancre du paupérisme, se tord sur un lit de lauriers. Ses fils l’abandonnent pour des pays moins durs aux travailleurs.

En Italie, c’est principalement dans les campagnes que la misère est atroce. Des hommes vigoureux travaillent toute la journée pour un salaire moyen de quarante centimes : parfois ce salaire diminue de moitié ; l’exploitation des enfants dans les solfatares est invraisemblable. Tout ce peuple vit de mauvaise farine de maïs et va souvent déterrer les charognes pour s’en repaître. Il n’est pas de pays où le contraste entre la richesse du sol et le dénûment du cultivateur soit plus choquant. Les blés ondulent sous la brise tiède ; oliviers, mûriers, myrtes, grenadiers entrelacent leurs frondaisons dans un fond d’azur lumineux ; plus loin, des bosquets de lauriers roses ; des orangers, des limoncelli aux branches desquels mûrissent des globes d’or : c’est une profusion de