Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/227

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gré le mouvement d’opinion tenté en sa faveur par une jeunesse bourgeoise qui reconnaissait en lui un des siens, un « égaré » non un ennemi conscient. Bourgeois, sergent de l’armée régulière, s’était battu dans les rangs fédérés ; nature douce et pensive, il avait senti, sans chercher à voir plus loin, que soldats et ouvriers sont même chair et même sang. Tous trois moururent avec courage, le 28 novembre 1871 : Ferré en appelant à la justice de l’avenir ; Rossel s’attardant en quelques adieux à son pasteur — il était protestant — et aux officiers versaillais, ses anciens camarades ; Bourgeois, sans emphase.

En même temps que Ferré, seize des chefs de l’insurrection parisienne, — membres de la Commune ou du Comité central, — avaient été condamnés les uns au bagne, les autres à la déportation ou à la prison. Le lieutenant de vaisseau Lullier, fou alcoolique qui s’était mêlé au mouvement pour le trahir ensuite, fut commué de la peine de mort à celle des travaux forcés. Un seul des dix-sept accusés, Ulysse Parent, qui, élu membre de la Commune comme le bourgeois Ranc, avait, de même que celui-ci, démissionné dès les premiers revers, fut acquitté. Les pontons et les geôles s’emplissaient de quarante mille malheureux ; les navires de l’État en transportèrent six mille à la Nouvelle-Calédonie.

La chute de la Commune fut le signal d’une réaction européenne. Pendant que les contumax s’efforçaient de gagner Genève ou Londres, jetant sur leur passage une semence d’idées nouvelles, les gouvernements s’unissaient pour proscrire l’Internationale.