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comme articles de foi. La république de Mazzini fût devenue épouvantablement despotique ; l’État, à la fois pape et roi, eût fait regretter la monarchie et la papauté. Garibaldi, plus large d’esprit, — il défendit la Commune contre son compatriote, — plus homme du peuple, surtout, n’était pas à même d’opposer des idées positives au clinquant vide et sonore par lequel les démocrates bourgeois, avides de pouvoir, captaient un peuple ignorant.

Les nations ont leurs phases de jeunesse, maturité et décrépitude. La guerre de l’Indépendance avait exalté tous les sentiments chauvins, un enthousiasme romantique, qui s’alliait bien au caractère méridional, détournait des études sérieuses. À qui parlait changement économique, transformation du régime propriétaire, intérêts ouvriers, fin du salariat, on répondait par ce cri menaçant : « Fuori i barbari ![1] » Et souvent le cri se terminait par un geste de mort. Aussi les débuts de l’Internationale, antérieurement à 1870, furent-ils marqués par une lutte terrible : socialistes et mazziniens recouraient au poignard comme suprême argument. Cela dura plusieurs années : cependant, une fois l’Autrichien chassé, Rome conquise, l’activité populaire demandait un nouvel aliment. Les agitateurs, compagnons de Bakounine, avaient beau jeu à montrer à la masse les palinodies des libéraux et des patriotes dont l’avènement au pouvoir ne modifiait en rien la situation misérable du prolétaire. L’industrialisme, d’ailleurs, envahissait la péninsule à pas de géant : les belles

  1. « Dehors les barbares ! » — les barbares, c’est-à-dire les Autrichiens.