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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/231

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l’état actuel de l’industrie où le même objet passe par mille mains, il est impossible de discerner l’œuvre de chacun), mais le communisme, c’est-à dire la libre prise par chacun dans une production surabondante. Et, rempli de son idée, avide de la faire passer dans le domaine des faits, croyant que la misère de plus en plus grande du paysan napolitain pouvait porter celui-ci à la révolte, il eut une tentative d’une bravoure folle. À la tête d’une troupe peu nombreuse dont faisaient partie Malatesta et Ceccarelli, socialistes connus, il se mit en campagne dans les premiers jours d’avril 1877, se montra d’abord à San-Lupo, puis à Bénévent, à San-Gallo, brûlant les archives, chassant les autorités et appelant le peuple à une vie nouvelle. Mais une masse ignorante ne se convertit pas ex-abrupto à des théories inconnues : le cafone, moderne ilote des campagnes napolitaines, accoutumé d’assister le brigand improvisé redresseur de torts, resta sourd aux exhortations des révolutionnaires. Surpris dans une ferme de Letino, le 11 avril, au soir, après une campagne de six jours, Cafiero fut arrêté avec ses amis et condamné à la prison. Les marxistes français, fougueux révolutionnaires de cabinet, crurent bon de railler ces hommes qui avaient payé de leur personne. Jules Guesde, qui n’a jamais exposé sa vie, les traita de « fuyards ». Plus tard, Cafiero, amnistié, se rendit en Suisse, participa, en octobre 1880, au Congrès de la Fédération jurassienne, réuni à la Chaux-de-Fonds, voyagea en Angleterre, continuant partout à prodiguer activité et argent, dupe souvent de son bon cœur. Puis, il revint brusquement en