Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/249

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encore aux rastaquouères de la politique, répètent en s’indignant : « On a insulté le drapeau national ! »

Pour eux, ce morceau de calicot bariolé, qu’on leur dit avoir été traîné dans la boue, représente le pays : quel pays ? celui des législateurs qui dépensent ou des contribuables qui paient ? celui de M. de Rothschild ou de Jacques Bonhomme ? Ils ne savent et ne se le demandent pas.

Le cerveau humain, pendant des siècles, a été tellement comprimé par cette fonction mécanique « croire », que même les plus raisonneurs des modernes révolutionnaires en arrivent parfois à perdre de vue le sens du réel pour se plonger dans la vision paradisiaque de la société future comme le boudhiste dans le nirvâna. Et, de fait, il semble par moments venir de ce mystérieux Orient, berceau des religions, des effluves mystiques dangereuses pour l’avenir. Dans la sainte Russie, les éléments slave et asiatique sont aux prises : le premier libertaire, le second théocratique et barbare. Le boudhisme même, philosophie matérialiste à son début, mais bientôt défiguré sous les superstitions populaires, menace de s’infiltrer en Europe et d’y supplanter son frère cadet, le christianisme. Les névrosés, si nombreux à cette époque de décadence, qui se réclament de Schopenhauer sans le comprendre, fraient la voie à la doctrine de Çakyamouni, qui compte à Paris même des milliers d’adeptes.

Une autre religion née d’hier, le spiritisme, nombre déjà des millions d’adhérents, surtout en Amérique. Bien que d’allures plus larges que le christia-