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du pinceau d’Holbein : convulsionnaires du cimetière Saint-Médard, Illuminés, Mesmériens. Toutes les fibres du cerveau, étrangement surexcitées, vibrent sous un vent de folie qui n’est peut-être que la perception confuse de grands événements. La science matérialiste expliquera sans doute un jour cette réaction des faits sur l’organisme humain, analogue à ces ondulations qui s’engendrent et se reproduisent à l’infini.

La dégénérescence physique des classes supérieures, minées par l’excès des jouissances, contribue à créer cet état pathologique. Aujourd’hui, à la veille de la révolution sociale, les névroses, les hystéries, en un mot, toutes les affections cérébrales sont plus fréquentes que jamais.

Telle était la situation des esprits, lorsqu’un enthousiaste austère, Jean, se retira dans les régions désertes qui avoisinent la mer morte. Aidé de compagnons fidèles, il s’efforça d’organiser contre les oppresseurs non plus une révolte ouverte, mais une propagande sourde. Sous le voile de cérémonies religieuses qui lui attirent des foules, Jean harangue, déclame contre les pouvoirs établis, prêche le communisme, recrute des sectateurs. Les débris des insurrections vaincues, les esséniens, les thérapeutes viennent se grouper autour de lui. « C’est Élie ressuscité, c’est le libérateur, le Messie[1] », commençait à murmurer le peuple.

Les autorités ne s’y laissèrent point prendre. Ces

  1. Il est inutile de faire remarquer longuement combien cette idée du Messie devrait être prise dans un sens humain.