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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/259

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des agglomérations de langue et de race saxonnes[1], idée que l’avenir réalisera certainement, car les peuples, dépassant l’étape du nationalisme, en arrivent aujourd’hui au racisme ; mais cette association qui résultera du libre développement des masses appelées à s’agréger et non du vouloir des législateurs, ne pourra s’effectuer que lorsque la Révolution sociale, emportant les débris du vieux monde, aura détruit les germes d’antagonismes nationaux, nivelé les classes et identifié les intérêts. L’Angleterre,


  1. « La véritable base d’une union féconde, disait naguère, sans la moindre précaution oratoire, l’un des publicistes les plus autorisés d’Outre-Manche, M. Steard, ne saurait être ni continentale, ni même « hémisphérique » : elle ne saurait être cherchée en dehors de la communion de race attestée par l’identité du langage, de l’esprit littéraire, des mœurs, des habitudes et de la religion. Il y a vraiment quelque chose de ridicule à voir Washington faire des avances à Valparaiso et ne témoigner à l’égard de Melbourne et de Londres qu’une dédaigneuse indifférence. N’est-ce pas avec l’Angleterre, qui est la patrie et le berceau de tous ceux qui parlent anglais, plutôt qu’avec la République Argentine que nos frères américains devraient songer à acclimater l’arbitrage ?… Que les cinq minuscules républiquettes de l’Amérique centrale se fédèrent entre elles, si cela leur plaît, peu nous en chaut. Ce sont quantités négligeables qui ne sauraient franchir les étroites limites de l’orbite où gravitent leurs courtes destinées. Mais nous pleurons des larmes amères sur chaque mois qui s’écoule sans avoir rendu plus facile et plus imminent le rapprochement fatal des deux principales branches de la grande famille anglaise. » (Review of Reviews, may 1890, p. 373).
    Et, le 3 mai 1890, à People’s Palace, lord Roseberry, devant des milliers d’auditeurs enthousiastes, prononçait les paroles suivantes :
    « Quelle énorme, débordante et irrésistible puissance pour faire le bien sont appelés à posséder, dans les âges futurs, les peuples de langue anglaise ! Le temps approche — et nous l’appelons de tous nos vœux — où cette puissance de la race anglo-saxonne s’incarnera en une ligue immense, comprenant la Grande-Bretagne, l’Australie, le Canada, les États-Unis et en mesure de faire la loi au reste du monde. »