Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ordre social, reviendraient comme les Girondins après le 9 thermidor et ne feraient pas quartier à leurs ennemis.

C’est la marche que, très probablement, suivra la révolution. Phénomène soumis à des lois que la science expérimentale découvrira un jour, elle aura ses premières ondulations, son flux et son reflux ; quand on analyse les éléments en présence, on est induit à supposer qu’ils se comporteront de telle ou telle façon : les enragés domineront pendant la période violente ; seuls, ils ont la force nécessaire pour démolir ; dans les intermittences d’apaisement, les autoritaires s’efforceront d’accaparer le pouvoir. Mais les excès ne sont pas durables, tôt ou tard, ils sont suivis d’une période de prostration ; ce qui s’est passé au lendemain de la Terreur se reproduira sans doute d’une façon générale : les politiques, les modérés s’efforceront, une fois le calme un peu rétabli, de revenir sur l’eau et d’accaparer les fruits de la victoire.

C’est tout ce qu’on peut conjecturer. Quelqu’un dont le cerveau serait assez vaste pour embrasser tout ce qui se passe, pourrait en déduire mathématiquement, par le détail, tout ce qui arrivera. Mais où est-il cet observateur surhumain ? Perdus dans la déduction des théorèmes, les scientifiques négligent forcément tel ou tel détail qui, imperceptible au début, engendre de grosses conséquences et finit par renverser tous les plans de ces trop minutieux calculateurs. Ceux-ci, qui n’ont pas entendu travailler pour rien, de maintenir quand même leurs formules, de se fâcher contre les événements qui les contre-