Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/27

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doctrine ; résumant les aspirations des masses anonymes vers l’indépendance et l’égalité sociales, elle n’avait d’autre rite que le baptême, auquel était attaché un sens allégorique. Les repas en commun, engendrés par une vie nomade de propagande, étaient une habitude, et rien de plus, qui resserrait ces gens unis par une étroite solidarité, rien ne ressemblait moins au cérémonial de l’eucharistie. La table n’a-t-elle pas toujours été ce qui rassemble les hommes, même ennemis, ce qui unit davantage les amis ? Les banquets jouent un rôle considérable dans la vie sociale, dans les effervescences populaires et les manifestations politiques : c’est une communion laïque et le choc des verres est considéré comme un gage d’alliance.

Quelle différence avec les religions officielles qui n’apparaissent qu’au travers des cérémonies pompeuses et des formules mystiques ! Le christianisme, tout chaud du souffle populaire, était alors profondément humain. C’était une réaction non seulement contre le despotisme romain, mais aussi, contre cet esprit vieux-juif, dur, sectaire, dévotement cruel. Certes, des légendes bizarres, grossies par la superstition, venaient parfois l’effleurer : le moyen que sur cette ardente terre d’Orient où tous les cerveaux étaient en ébullition, les faits les plus simples, colportés de bouche en bouche, n’atteignissent pas des proportions gigantesques ?

À une époque où la crédulité était sans bornes, où l’imagination la plus désordonnée enfantait des dieux chèvres-pieds, des centaures et des hippo-