Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/28

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griffes, où le sang humain fumait sur les autels de Moloch et de Teutatès, quelle invraisemblance eût pu trouver un contradicteur ? C’est la foi aveugle des Hindous, répondant aux missionnaires chrétiens : « Nous ne nions pas les miracles opérés par votre Dieu, mais Wishnou et Brahma en ont fait bien davantage. »

Il est probable, même, que Jésus, comme le fit plus tard Mahomet, chercha à tirer parti de cette crédulité dans l’intérêt de sa cause. Du reste, autant l’enthousiasme naïf de ses auditeurs le charmait, autant il se montrait dédaigneux de toute dévotion officielle. Lorsque des pharisiens vinrent le quereller de ce que ses disciples, passant dans un champ de blé, en avaient arraché des épis, un jour de sabbat, il cita pour réponse l’exemple du roi David et de ses compagnons affamés, entrant dans le temple et mangeant des pains de proposition réservés aux seuls sacrificateurs. C’était, sous le couvert du saint roi, proclamer la suprématie du droit à l’existence. Et, comme pour scandaliser jusqu’au bout le fanatisme de ses interlocuteurs, il conclut : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat. »

Une telle réplique n’était pas sans hardiesse. Ce fut par une suite de sorties de ce genre, que Jésus s’attira la haine des docteurs et des prêtres ; comme sa violence était toute dans ses discours, — sans doute entrevoyait-il le peu de chances de succès d’une lutte contre Rome, — il dut partager le sort des novateurs qui n’ont pas fait alliance avec la force. Arrêté, sans coup férir, il subit pour la forme un