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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/279

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comme à des hommes, des danseuses pour maîtresses et qui mêlez joyeusement la roture des écus au clinquant de votre blason, bien des larmes couleront sur vos joues poudrerizées. Voici venir la femelle du prolétaire, à qui les hivers sans feu, les nuits sans sommeil, les jours sans pain, les cris de détresse de la nichée ont mis au cœur une haine farouche. C’est la louve ! Malheur aux faibles créatures qu’elle mordra.

Traitée en bête de somme chez les peuples barbares qui ne reconnaissent que la supériorité de la force, en objet possédé dans la société romaine, la femme, même chez les peuples civilisés du dix-neuvième siècle, n’a pas cessé d’être une mineure. L’épouse doit obéissance à son mari, dit le Code. Elle n’a pas la faculté d’exercer un commerce, d’acheter, de vendre, de faire acte, en un mot, dans la vie civile, sans y être autorisée. De même que le jeune mâle n’aura pas le droit d’aimer la compagne de son choix sans le consentement paternel. Tyrannie qui fait du père de famille le bourreau légal des siens, qui infiltre les jalousies, les rancunes, les haines, mille fois plus vives entre proches qu’entre étrangers. Mais c’est surtout sur la femme que cette oppression pèse : nombre de professions lui sont encore fermées, surtout chez les méridionaux, qui ont le mieux conservé à son égard le vieil esprit de possession jalouse. Même sous les madrigaux adressés aux belles, on sent le dédain du mâle pour un être qu’il juge inférieur et dont il n’aime que le joli plumage. Pauvres petites perruches à tête vide ! L’église, le bal ou le rapiéçage des hardes, voilà, selon leurs différentes