Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/281

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Comme tous les êtres maintenus dans l’infériorité, sans que cela infirme en rien leurs droits à un développement intégral, comme le sauvage, comme l’enfant, comme le peuple lui-même, la femme tend à singer son maître par ses mauvais côtés. Évidemment, elle obéit à une loi de nature qui fait, à différentes époques, passer les individus par les mêmes phases, selon leur degré de culture. L’homme achève de se détacher de la politique comme d’une science menteuse dont il a toujours été dupe, science qui a fait son temps comme la sorcellerie et qui ne peut plus convenir à l’humanité consciente. Il cuve ses dernières griseries chauvines, se guérit de ses dernières fièvres électorales. Précisément à ce moment, arrive une brave demoiselle qui revendique pour son sexe le droit de constituer des ministères, de réviser des constitutions et d’envoyer des jeunes gens mourir pour la patrie au Tonkin ou ailleurs.[1]

Très heureusement, le fait brutal est là : les événements, qui s’enchaînent et réagissent les uns sur les autres pour déterminer un bouleversement de plus en plus nécessaire, de plus en plus inévitable,

  1. La pétition suivante a été récemment adressée à l’empereur d’Autriche par des dames qui se croient sans doute très supérieures aux sauvages guerrières du Dahomey :
    « À l’heure actuelle, où tout homme, jeune ou vieux, est astreint au service militaire, nous pensons que des femmes, souvent plus robustes et plus courageuses que des hommes efféminés, ne doivent pas en être exclues. Les armes en usage aujourd’hui sont bien faites et faciles à manier. Nous prions, en conséquence, Votre Majesté, de vouloir bien organiser un corps de volontaires Amazones. »
    Égalité des sexes devant l’assassinat organisé, c’est ainsi que les pétitionnaires comprennent l’émancipation de la femme !