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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/282

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ne laisseront pas le temps de attarder aux billevesées. Le régime parlementaire est trop frappé de discrédit, les fictions actuelles trop usées pour survivre encore moyennant quelques modifications : la vraie science sociale, élaborée en commun, par les contemporains, non plus celle pédante et rabougrie de quelques pontifes, viendra déterminer les rapports naturels des hommes groupés librement pour produire, consommer et faire circuler le bien-être dans toutes les cellules du nouvel organisme.

Le prolétaire, qui a appris à vivre sans rois, sans nobles et sans prêtres, s’éloigne peu à peu des monarques de la finance, des seigneurs de l’industrie, des papes de l’État. Il commence à s’apercevoir que ces gens, quelque démocrates que soient leurs allures, sont d’une autre caste que la sienne, que loin d’être indispensables à son existence, ils ont des intérêts directement opposés aux siens, que l’intérêt du patron c’est de gagner beaucoup sur l’ouvrier, l’intérêt du marchand de vendre le plus cher possible des produits médiocres, l’intérêt du gouvernant de multiplier les sinécures pour caser les siens, l’intérêt de l’officier de pousser à la guerre pour obtenir de l’avancement, l’intérêt du juge de faire condamner beaucoup de monde pour être bien noté, l’intérêt de l’huissier de mettre sur la paille beaucoup de malheureux pour doter ses filles. Il entrevoit vaguement ce que lui crient les anarchistes : que ce bon père, l’État, n’a qu’un rôle, rôle historique, fatal, dont il ne peut s’écarter une seconde sous peine de ne plus être : celui de mainte-