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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/37

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nombre de douze cent mille, s’enferment dans Jérusalem.

Titus accourt assiéger ce dernier rempart. Ce n’est plus Rome et Jérusalem qui sont aux prises : c’est la force et l’idée. Les légions d’airain qui viennent battre les murs de la ville sainte sentent passer au-dessus d’elles comme des effluves surnaturelles. Mille impressions étranges les assaillent et les pénètrent pendant que, dans la cité, tout s’arme, bouillonne, s’exalte, prophétise : visions étranges, révélations, miracles se multiplient et viennent soutenir la résistance des combattants. Non, le peuple de Dieu ne périra pas ! Les descendants de Moïse et de Salomon, champions de la religion vraie, unique, absolue ne fléchiront point devant César simple mortel ! Contre le livre sacré du rabbin se brisera le glaive du centurion.

La résistance est rude ; aussi Titus ne se contente pas de combattre : il envoie en parlementaire le traître Josèphe (Flavius)[1], il s’efforce de corrompre, flatte, promet, menace. Et, déjà, quelques-uns des plus riches ou des plus compromis chancellent : ils vont trahir, mais le poignard des intransigeants en fait justice, le pontife Ananias est massacré et, malgré la famine, malgré la peste, personne n’ose parler de se rendre.

Rien de plus poignant que l’agonie de ces grandes villes pressées par un ennemi impitoyable. Ceux qui, en 1870, ont assisté au siège de Paris garderont de ce moment tragique une impression ineffaçable.

  1. Auteur de l’Histoire des guerres et des antiquités judaïques et lâche panégyriste des Césars.