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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/36

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briser l’oppression rapace des Césars. Honnêtes gens ! les proconsuls romains, les procurateurs, les gouverneurs qui s’enrichissaient en faisant suer l’or et le sang aux provinces. Monsieur Prudhomme est de toute époque.

Sur toute la côte occidentale d’Asie, le peuple se soulève ; l’Arménie s’insurge et tient tête aux légions : les fonctionnaires, les roitelets protégés tremblent. Hérode Agrippa est chassé de Jérusalem à coups de pierres. La lutte pour l’indépendance s’engage et dure cinq ans. Esclaves fugitifs, cultivateurs ruinés, cavaliers parthes, nomades du désert, patriotes, mercenaires, prêtres, docteurs, aventuriers, se jettent comme un torrent sur les généraux romains. Césennius Pétus est chassé d’Arménie, Cestius Gallus, forcé de lever le siège de Jérusalem. L’Orient est en feu : va-t-il échapper aux Césars ? Non, hélas ! les peuples n’ont pas compris quelle solidarité doit relier leurs efforts. La Grèce, par où l’incendie eût pu se communiquer à l’Europe, s’immobilise dans la métaphysique et fête Néron ; l’Égypte, façonnée de longue date à la servitude, reste calme. L’Occident n’est occupé que des querelles de généraux qui se disputent le pouvoir : révoltes aristocratiques dont la plèbe n’a rien à attendre. Pendant ce temps, Vespasien et Titus arrivent à la tête d’armées puissantes, circonscrivent la révolte, écrasent Joseph Gorionide, s’emparent de Jafa, Jotapat, Gadara, pacifient la Galilée par le gibet et la torche. Chassés de leurs retraites, exterminés en rase campagne, les défenseurs de l’indépendance, hommes, femmes, enfants, vieillards, au