Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dente terre d’Afrique dévore les hommes ; deux cent mille Romains et Grecs sont massacrés, les premiers comme oppresseurs ; les seconds, comme valets des despotes. Tout plie devant ce réveil furieux du sémitisme : l’Égypte envahie est mise à feu et à sang, Alexandrie saccagée, Cypre attaquée, Salamine détruite ; Trajan lui-même, le victorieux qui assourdit le monde du bruit de ses triomphes, est repoussé par les habitants d’Atra.

L’empereur irrité, persécuta violemment les chrétiens et les juifs d’Orient. La distinction, qui chaque jour, s’affirmait plus grande entre les sectateurs de Moïse et ceux de Jésus, n’empêcha pas la répression d’être la même pour tous. C’est, du reste, le propre de toutes les réactions de frapper indifféremment les sectes qui leur font obstacle, sans avoir égard à leurs dissensions.

Le successeur de Trajan, Adrien, moins soldat, plus diplomate, comprit la gravité de la situation. Il sentit que dans tous ces mouvements de peuples, ces explosions de fanatisme, c’était une immense révolution sociale qui couvait. Il se hâta de faire la paix avec les Parthes, les Sarmates, les Roxolans, afin de dissoudre cette formidable coalition que son prédécesseur, avec toutes ses victoires, n’avait pu briser. Des réformes apparentes furent opérées au profit des artisans et des esclaves eux-mêmes, soustraits à l’arbitraire de leurs maîtres et rendus justiciables des seuls tribunaux ; les ergastules, où les riches retenaient en servitude à leur profit des personnes libres, furent abolis : bribes de liberté que l’empereur jetait à la plèbe pour désarmer son mécontentement !