Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

individuels très énergiques jetaient la terreur au milieu d’un peuple avachi et faisaient trembler la cour impériale : disparitions d’enfants nobles, empoisonnements mystérieux, meurtres que le vulgaire attribuait à la magie et qui n’étaient que le fait d’opprimés se vengeant. Sous Néron, un incendie, autrement terrible que les flammes métaphysiques du jugement dernier, consuma une grande partie de Rome. Le crime fut imputé, non sans vraisemblance, aux chrétiens dont un grand nombre périrent dans les supplices les plus affreux ; leurs descendants, devenus conservateurs, ont lâchement répudié cet acte de révolte et, le transformant en caprice d’empereur, l’ont attribué à Néron lui-même.

Sous Trajan, d’invisibles mains embrasèrent le Panthéon. Les coupables, n’ayant pu, cette fois, être découverts, on incrimina le feu du ciel. Quatre-vingts ans plus tard, le même feu du ciel consuma, à différentes reprises, le Capitole, le palais impérial et le temple de Vesta. Beaucoup durent y voir une revanche de Jéhovah sur les dieux de l’Olympe.

Cependant l’Orient, malgré les effroyables saignées, s’agitait toujours, vaincu mais non dompté. Autrement indépendants que les chrétiens d’Italie, lesquels, d’ailleurs, ne pouvaient guère s’insurger, ayant à supporter tout le poids du gouvernement central, les chrétiens judaïsants d’Afrique et d’Asie guettaient chaque secousse de l’empire et entretenaient dans une incessante agitation les populations voisines. Pendant que les Parthes et les Arméniens luttent sans relâche contre Trajan, André soulève les Juifs de Cyrène : c’est par légions que cette ar-