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aux disputes oiseuses de l’Agora, était un maître peu exigeant, il ne consommait guère : le vin, l’huile, le froment, le miel, le lait et la chair des troupeaux lui suffisaient amplement. À Sparte, où les mœurs étaient plus rudes, l’Ilote avait à souffrir du caractère de ses maîtres plus que d’un travail excessif. En somme, on peut affirmer que, matériellement, les esclaves grecs, à l’exception de ceux condamnés aux durs travaux des mines, n’étaient pas beaucoup plus malheureux que les prolétaires actuels.

À Rome, il n’en fut pas de même : chaque opulent patricien avait en sa possession non plus une dizaine mais des milliers de misérables voués aux labeurs les plus écrasants et déchus de tout droit humain. L’oppression dont les plébéiens s’étaient, à la longue, affranchis, accablait inexorablement les vaincus et leur malheureuse postérité.

Cet ordre de choses entraînait l’oisiveté, non seulement des riches mais aussi de tout le peuple libre, habitué à vivre des largesses de ses maîtres qui captaient ainsi sa faveur. Les pires tyrans, les Caligula, les Néron s’étaient, de la sorte, créé et maintenu une popularité.

Le luxe, la mollesse et la débauche avaient pris des proportions inouïes ; la grande ville était devenue un immense lupanar où les hommes cherchaient des hommes et les femmes des femmes, le blasé n’ayant plus qu’une occupation, qu’un souci : inventer des raffinements inconnus.

La conquête de la Grèce et de l’Asie Mineure avait amené un débordement de sensualisme inouï. Les légionnaires, si rudes au départ, étaient reve-