Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/47

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nus pourris moralement et physiquement. C’en était fait : un virus étrange circulait désormais dans le sang ; les molles langueurs de Lesbos s’étalaient en plein jour au Forum ; les matrones romaines faisaient châtrer leurs jeunes serviteurs pour en jouir sans craintes de grossesse ; César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris.

C’est ainsi que la famille romaine, si fortement constituée au début, allait se dissoudre pour faire place à la famille chrétienne, où l’autorité paternelle et maritale devait être tempérée, — primitivement, du moins, — par une morale inconnue au paganisme.

Jetons un coup d’œil sur cette foule bigarrée qui circule au Forum. De jeunes avocats, vêtus de tuniques légères dessinant leurs formes efféminées s’y promènent, entourés de petits groupes et déclamant avec des inflexions musicales. Ils ressemblent à des courtisanes étalant leurs charmes. Jadis, pour se faire connaître, ils attaquaient, avec une virulence étudiée, les magistrats sortant de charge, tous plus ou moins concussionnaires. Le procès Verrès avait édifié la fortune politique de Cicéron et montré aux ambitieux la voie à suivre. Nos avocats modernes, aspirant aux fonctions publiques n’agissent pas autrement. Mais, lorsque le pouvoir impérial se fut consolidé, il devint dangereux d’élever la voix, la toge s’inclina servilement devant l’épée et les jeunes harangueurs cherchèrent dans la corruption générale un moyen plus sûr d’arriver.

Quel est ce groupe d’hommes qui discutent avec chaleur ? Ce sont des marchands, esclaves ou affranchis pour la plupart, car le commerce est dédaigné