Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/49

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litière aux tentures de pourpre que portent de vigoureux esclaves éthiopiens ? C’est celle de l’affranchi Chrysippe ; il y a six mois, c’était encore un esclave et son dos garde la trace des lanières, mais son esprit subtil et rampant l’a servi ; son maître a su reconnaître ses bons services en tous genres : aujourd’hui, il est libre et riche à millions de sesterces. À ses côtés, Livia, la belle courtisane qui ruine jeunes et vieux, sénateurs et affranchis, est étendue nonchalemment sur des coussins de soie jonchés de roses. Elle est nue ; sa splendide impudeur émerge ainsi au milieu des fleurs. Des perles aux reflets étranges lui forment un diadème au-dessous duquel se déroulent ses longs cheveux noirs. Ses membres, que les bains de lait ont rendus d’une blancheur nacrée, sont encerclés dans de massifs anneaux d’or, seule parure qu’elle affectionne.

Les heures s’écoulent et le flot de peuple qui circule sur l’immense place n’est pas tari. C’est que la Rome impériale compte quatre millions d’habitants. Mais, tout à coup, un grand mouvement se fait dans cette multitude. Où court-on ? Les rues voisines dégorgent de nouveaux arrivants : on se presse, on se bouscule, on s’injurie ; des voix aigres de femmes dominent le tumulte ; des chars fendent la foule. On dépasse la statue en bronze de Néron, haute de cent vingt pieds et la vague humaine, grossie d’instant en instant, s’arrête aux portes d’un cirque immense : le Colysée.

Ce géant des cirques mesure seize cent quatre-vingt-un pieds de circonférence et cent cinquante-sept de hauteur. Cent mille spectateurs s’y en-