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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/53

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danseuses s’élancent dans un tourbillonnement vertigineux. Les jupes voltigent, les chevelures se dénouent, des couples s’embrassent, s’entrelacent, fous d’une luxurieuse ivresse : Gomorrhe et Lesbos triomphent sur la scène aux applaudissements d’une multitude aussi blasée que cruelle, toujours avide de sensations violentes.

Mais le soleil couchant jette ses derniers feux. La longueur du spectacle a fatigué les assistants, énervés par des émotions diverses, savamment combinées ; les besoins physiques se font sentir, et pendant que les noctambules somnolent, bercés par d’érotiques visions, que les affamés mordent dans un fruit ou un gâteau, que matrones langoureuses et vieux patriciens caressent publiquement leurs pages et leurs mignons, le spectacle se termine par une splendide apothéose de chair nue. Dépouillées de leurs légers voiles, les danseuses apparaissent comme autant de Vénus et, tandis que les cymbales redoublent, que les lyres pincent des notes suraigües, une délirante pâmoison se communique à la foule.

Puis c’est la fin : le cirque immense vomit son flot. Les oisifs prennent le chemin du Forum, les marchands retournent à leurs officines, les patriciens à leurs palais ; les parasites, pauvres diables qui devront, à force de verve, gagner leur souper, vont rôder autour des riches demeures, pendant que débauchés, mignons et courtisanes, vont se préparer par un court repos aux orgies de la Rome nocturne.

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Et maintenant ?