Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/52

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regard rapide, interroge la multitude. Toutes les mains sont baissées, le pouce en dessous : geste charmant qui veut dire « à mort ! » Le trident s’enfonce dans la gorge du vaincu d’où jaillit un large filet de sang et, pendant que le mourant se convulse, la salle retentit de bravos.

Les autres couples continuent le combat, tantôt une épée trouant un filet et fendant un crâne, tantôt le filet ayant raison de l’épée. Et, à chaque victoire, le peuple d’applaudir, à chaque regard du vainqueur, de répondre par l’éternel coup de pouce : « à mort ! » Ce n’est que lorsqu’il ne reste plus sur l’arène que quelques rares combattants harassés, fumants de sueur, que les spectateurs, pris d’un soudain revirement, étendant la main, donnent de leur pouce levé en l’air un signal de paix.

Mais une troupe de marins envahit la scène. En un clin d’œil, les traces de lutte sont effacés : un sable noir mêlé de poudre d’or recouvre l’arène, une forêt artificielle s’élève comme par enchantement.

Une musique pénétrante et douce se fait entendre : une file d’hommes drapés de longues robes blanches et tenant à la main des lyres d’ivoire, s’avance lentement. Sur un rythme, grave d’abord puis plus précipité, qui étonne et trouble les sens, ils chantent une déesse qui préside à d’étranges amours. Puis, trois nains grotesquement accoutrés et munis de cymbales font leur apparition ! ils précèdent une troupe de danseuses tyriennes court-vêtues d’une gaze légère ; les musiciens s’effacent derrière elles et, pendant que lyres et cymbales accompagnent un air licencieux que le peuple répète en chœur, les