par l’engrenage funeste, dans ce monde où tout est à vendre, trafiquent de tout.
Et, d’ailleurs, qui pourrait affirmer que les exhibitions de bals et de féeries où des gazes transparentes, des maillots couleur chair accusent plus qu’ils ne les voilent les formes provocantes, sont plus chastes que les apothéoses romaines ?
Le déshabillé est plus savamment obscène que le nu ; la feuille de vigne est le chef-d’œuvre du jésuitisme sadique.
Chaque soir, alors que les lueurs du gaz et de l’électricité surgissent par milliers de l’ombre épaisse, pendant que des légions de rôdeuses affamées descendent des hauteurs de Montmartre et de Belleville, une foule joyeuse envahit l’Éden, le Moulin-Rouge ou le Jardin de Paris. Du Chat-Noir à Bullier, tous les restaurants de nuit sont pris d’assaut.
C’est le high-life qui s’amuse.
Soupeurs et soupeuses, hétaïres, mondaines en goguette, étudiants noceurs qui deviendront plus tard de graves magistrats, nobles pschutteux, rastaquouères, le monocle à l’œil, le gardénia à la boutonnière, vont se griser de la musique de Métra, en contemplant les ébats chorégraphiques de Nana-la-Sauterelle ou de Grille-d’Égout. Jambes en l’air, corsets dégraffés, flots de dentelles émergeant des jupes soulevées, écarts désordonnés, mimique superbe d’impudeur ; de temps en temps, l’amorce troublante d’une petite fleuriste de dix ans jetée aux Céladons blasés que les exploits du prince de Galles ont rendus rêveurs : quelle fin de règne pour la classe bourgeoise !