Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/6

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Elle nous montre les mouvements provoqués par d’énergiques individualités, se perdant, accaparés par des sectes rivales, semblables à un grand fleuve qui, divisé en une multitude de bras secondaires, ne tarde pas à se tarir.

Elle nous montre tous ces révolutionnaires de la veille, les mêmes à travers les siècles, tribuns, philosophes, évêques, représentants, se ralliant peu à peu au pouvoir qu’ils combattaient et, plus durement que les anciens maîtres, écrasant de leur autorité de fraîche date la plèbe insoumise.

On pourrait mettre des noms modernes sur ces antiques figures. César a légué son nom à cette kyrielle d’usurpateurs victorieux ; les avocats du Forum et ceux du Palais-Bourbon sont parents ; Titus, mettant Jérusalem à feu et à sang, renaît dans Thiers égorgeant Paris ; Verrès est l’ancêtre de Wilson.

L’analogie est parfaite entre notre société bourgeoise, croulant sous le poids de ses vices, sous les colères de la masse déshéritée, et le monde romain s’affaissant dans sa fange sous le choc des barbares. Même disproportion entre les omnipotents dominateurs et les infimes plébéiens, mêmes éléments de dissolution au dedans, de guerres à l’extérieur : moins de violence, plus d’hypocrisie. Enfin, même protestation contre l’égoïsme des heureux ; ici, par le socialisme international, là, par le christianisme catholique[1], c’est-à-dire, aussi, international.

Car, il n’y a pas à s’y tromper : éclos dans les

  1. καθολικος, universel.