Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’un autre côté, on recrutait chez les nations barbares, Germains, Thraces, Goths, un nombre de plus en plus grand d’auxiliaires qui, par leur contact, contribuèrent à altérer profondément les mœurs de l’empire. Ce fut ainsi, du reste, que commença cette invasion des races septentrionales qui, jointe aux progrès du christianisme, renversa la société romaine. On comprendra que les conflits dussent être fréquents entre des éléments aussi disparates.

L’armée de Maternus, composée de soldats déserteurs, de laboureurs et d’esclaves fugitifs, ne put soutenir la lutte. Elle fut écrasée, son chef pris et mis à mort. La Gaule et l’Espagne, qui avaient, un moment, tressailli d’espérance, retombèrent sous le joug.

La révolte vaincue, ses idées ne s’éteignirent pas. Le christianisme, qui se propageait de plus en plus, leur communiqua une nouvelle force : le siècle suivant allait voir la grande épopée bagaude qui fut, en Europe, le pendant de la lutte soutenue par les Juifs contre la toute-puissance des Césars.

Le cercle de la propagande s’élargissait de plus en plus, semblable à ces ondulations sans fin que produit dans un étang la chute d’une pierre. Quelques admirables orateurs émergeaient de la foule des théologiens incolores ; parmi eux, Tertullien qui, dans son Apologétique, démontra la supériorité de la morale nouvelle et, tout en sapant par le ridicule les vieilles croyances polythéistes, défendit les chrétiens d’être des factieux à main armée : « On nous accuse de lèse-majesté, écrit-il, on nous fait un crime de ne pas honorer les empereurs par des