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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/79

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venger ou qu’elle se laisse abattre par des épreuves qui servent à en établir la vérité ! Si nous voulions vous faire une guerre ouverte, manquerions-nous de forces et de troupes ? Les Maures, les Marcomans, les Parthes et quelque nation que ce soit, circonscrite après tout dans ses limites, est-elle plus nombreuse qu’une nation qui n’en a d’autres que l’univers ? Nous ne sommes que d’hier et, déjà, nous remplissons vos cités, vos châteaux, vos municipes, vos conseils, vos campagnes, vos tribus, vos décuries, le palais, le sénat, le Forum ; nous ne vous laissons que vos temples. Ne serions-nous pas bien propres à la guerre, même à forces inégales, nous qui ne craignons pas la mort, si ce n’était une de nos maximes de la souffrir plutôt que de la donner ? Sans même recourir aux armes, il suffirait, pour nous venger, de vous abandonner en nous retirant hors de l’empire : vous seriez épouvantés de votre solitude[1]. »

Le même Tertullien, évêque de Carthage, s’élevait contre les prétentions de l’évêque de Rome, l’appelait dérisoirement Pape bénit et tonnait contre les fidèles qui, effrayés des persécutions, reniaient leur foi ou rendaient les honneurs divins aux images de l’empereur.

Mais, en dépit de cette austérité poussée jusqu’à l’absurde[2], combien le christianisme ne s’était-il

  1. Il avait là quelque exagération ; vers le milieu du iiie siècle, Rome comptait environ un quarantième de chrétiens et Carthage un dixième.
  2. Tertullien regrettait l’heureux temps où les femmes ne pouvaient porter d’autre ornement d’or que l’anneau nuptial ni goûter au vin sous peine de mort !