Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

réel et, partis de la liberté de penser, arrivent à reconstituer un dogme d’autant plus autoritaire qu’il s’appuie non plus sur la force brutale mais sur la foi. La tyrannie des cerveaux est la pire de toutes.

Mais, pendant qu’un vent de folie souffle sur les têtes, le cyclone se forme qui, en un siècle, va balayer le vieux monde. Les Barbares, mal à l’aise dans leurs solitudes, ont, depuis longtemps, les yeux fixés sur l’empire comme sur une riche proie. Alors que les métaphysiciens ergotent, les plus politiques des chrétiens s’efforcent de scruter l’avenir. Quel sera le rôle historique de ces peuples ? Deviendront-ils l’armée formidable qui, à la voix des évêques, détruira la société païenne ? Peut-être, mais ils sont encore bien éloignés ; le plus sage est de commencer à leur envoyer des missionnaires et de voir venir les événements tout en servant l’empereur.

César Gallien a fort à faire. Les Perses mettent l’Asie à feu et à sang : les Goths fondent comme un torrent sur l’Europe orientale et s’emparent de la Dacie qu’ils garderont désormais ; l’Égypte se soulève, — ô merveille ! — pour venger le meurtre d’un esclave tué par un soldat, et c’est maison par maison qu’il faut reconquérir Alexandrie. Aussi, entendez les lamentations des marchands : « Quoi ! plus de lin d’Égypte ? plus de fleur de nitre ? » — Et plus de blé, car, après l’Afrique, voici la Sicile qui s’insurge : des bandes d’esclaves battent le littoral, incendient les villes et, poursuivies, se retirent dans les montagnes d’où elles narguent les légionnaires.

À l’Occident, même gâchis ; les hordes germaines