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harcèlent les provinces gauloises, de plus en plus écrasées entre les maîtres cruellement civilisés et les pillards d’Outre-Rhin. En l’an 267, le passage est forcé : un flot de barbares se répand sur la Gaule, l’Espagne, et va se perdre sur le littoral africain. D’autres vagues suivront celle-là et, mordant les digues du monde romain, les arracheront une à une jusqu’au jour de la grande inondation qui couvrira tout.

Chaque grand mouvement a ses prodromes, sa résultante et ses dernières oscillations. Dans un avenir peu éloigné, peut-être pourra-t-on calculer mathématiquement les lois de la dynamique sociale.

Sous prétexte de défendre la Gaule, les généraux se disputent la pourpre : un fantôme d’empire est proclamé. Posthumius, Lœlianus, Lollian, Victorin, Marius, Tétric ne font que passer, laissant, après un semblant d’indépendance la vieille terre des Celtes ravagée et plus assujettie que jamais aux Romains.

Mais il est bien rare qu’une transformation politique de quelque importance n’engendre pas un mouvement plus profond dans les masses populaires. On a pu vérifier ce fait, en France, depuis le commencement de ce siècle, que toutes les révolutions politiques ont été suivies, à brève échéance, d’une ébauche de révolution sociale[1].

L’explication de ce phénomène est toute simple : le prolétaire qui, au début, a salué et souvent aidé de ses efforts un changement gouvernemental, pensant en retirer plus de bien-être et de liberté, ne


  1. 29 juillet 1880 — 21 novembre 1881 ; 24 février — juin 1848 ; 4 septembre 1870 — 18 mars 1871.