Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/83

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tarde pas à se trouver déçu ; son mécontentement croît alors en proportion de ses espérances primitives : de là à une lutte ouverte contre le nouveau régime, il n’y a qu’un pas, rapidement franchi pour peu que l’avènement du récent pouvoir donne lieu à des complications économiques.

Les ambitieux qui se proclamèrent empereurs de la Gaule ne firent absolument rien pour le paysan ; chefs militaires avant tout, ils ne virent pas plus loin que l’armée au milieu de laquelle ils vivaient et qui, seule, leur semblait à même de les maintenir au pinacle. Quant à l’esclavage, il était trop profondément entré dans les mœurs pour qu’ils songeassent seulement à l’atténuer.

Paysans et esclaves durent donc aviser à s’émanciper eux-mêmes. De là, le double caractère de cette lutte contre Rome : lutte politique chez les chefs, profondément sociale, au contraire, chez la plèbe. Mieux que les forfanteries d’un Marius ou d’un Victorin, les paysans armés de fourches et de faux firent trembler les dominateurs.

Bagad, dans le vieux langage celtique, veut dire bande armée. Les rebelles qui s’intitulaient les Bagaudes étaient, pour la plupart, des cultivateurs ruinés ou des esclaves très celtiques de mœurs et chrétiens d’opinions, ce qui s’accordait assez car, en maints endroits, le christianisme avait été salué comme un réveil du druidisme. C’était donc, en même temps qu’une révolution profondément sociale, l’ancien fonds gaulois luttant contre le romanisme.

Ils s’éveillèrent tout de bon sous Tétric et leur premier élan fut formidable : ils emportèrent Autun.