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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/85

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capturé tant de femmes que chaque soldat en a, pour sa part, deux ou trois. » Ces formidables hécatombes engendrèrent la peste qui emporta le vainqueur.

C’était un répit pour les insurgés de Gaule, que Tétric, en qui s’incarnait plus que jamais le parti de l’ordre, s’efforçait d’ailleurs de rendre inoffensifs. Tels qu’ils étaient, le nouveau César, Aurélien, les jugea encore redoutables. Après avoir vaincu presque sans combat son rival pour rire qui, au moment de l’action, passa dans le camp romain, il crut plus politique de traiter avec eux que de les exaspérer : remise de l’arriéré des impôts et amnistie générale, telles furent les deux grandes clauses, moyennant lesquelles se rétablirent la paix et la domination romaine. Les Bagaudes ne s’obstinèrent pas à la reconstitution d’un empire gaulois peu viable. Que leur importait ! y eussent-ils gagné plus d’indépendance vraie ? Ils ressentaient par eux-mêmes, ces ancêtres des Jacques et des modernes communistes, que la forme politique importe moins à la masse que le bien-être matériel.

Ainsi se termina la première bagaudie, la seconde si l’on y rattache la révolte de Maternus. Si les insurgés commirent cette faute, tant de fois répétée au cours de l’histoire, de se laisser endormir par des chefs ambitieux ou perfides, du moins, ils surent en imposer au vainqueur et le forcer à des concessions. La révolte ne demeura pas absolument sans résultats.

Le calme, du reste, ne fut pas de longue durée. De plus en plus, le nord déversait sur les provinces romaines des flots de barbares. Et les habitants,