Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/90

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inébranlable et ils n’ont plus que la ressource de bien mourir. Mais, bien mourir, comment ? en se révoltant ? Non, en jetant leurs armes et en tendant le cou !

Ils ne tendirent pas le cou, les Bagaudes : ils opposèrent une rude résistance. Pendant plusieurs mois, combattant dans les régions montagneuses et boisées, ils disputèrent pied à pied le terrain. Mais, plus encore que les légions romaines, la disette les accablait ; le manque d’approvisionnements les empêchait de se maintenir dans leurs meilleures positions, les Romains, en y arrivant après eux, trouvaient le pays absolument nu et ravagé, peu leur importait à ceux-là : les convois de vivres ne leur manquaient pas. Maximin put ainsi refouler les rebelles vers les arides plaines catalauniques, coupant leurs communications avec le sud, l’est et centre de la Gaule. Dès lors, le sort de la campagne fut décidé. Incapables de soutenir la lutte en pays plat, vaincus dans chaque engagement, harcelés par la cavalerie germaine si terrible aux Gaulois depuis César, poussés de plus en plus vers le nord-ouest, ils s’arrêtèrent vers le confluent de la Seine et de la Marne. Protégés par les deux rivières et quelques retranchements, ils vendirent chèrement leur vie : le massacre fut général. Les gens du pays gardèrent le souvenir de cette héroïque résistance, le champ de bataille fut appelé pendant longtemps camp des Bagaudes, et quand, au septième siècle, une abbaye s’éleva sur les ruines des fortifications gauloises, elle en prit le nom de Saint-Maur-des-Fossés.