Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/89

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annihiler à jamais les novateurs, entreprend de les faire s’égorger.

Quelle sera la conduite des soldats chrétiens ? Ils sont peu nombreux : une légion seulement. Maurice est leur chef ; Candide, Victor, Exupère, dont l’Église a fait des saints, commandent sous lui.

Ah ! sans doute, il dut y en avoir parmi eux qui, bouillonnant d’audace et d’espérance, voulurent aller rejoindre leurs frères combattant la Rome païenne et dominatrice. Beaucoup même durent s’échapper, en dépit de toute surveillance, en dépit des conseils lâches de leurs chefs.

Ceux-ci se montrent fort embarrassés. Se déclarer pour leurs coreligionnaires bagaudes, c’est le massacre sans résistance possible ; mais les combattre, quelle honte pour eux, pour l’idée chrétienne ! et aussi quelle faute irrémédiable si les Bagaudes, sont victorieux !

Jésuites et casuistes avant la lettre, ils cherchent et trouvent un biais : la légion thébéenne se déclarera prête à marcher pour l’empereur, mais refusera de prêter le serment d’obéissance (ceci est la porte laissée ouverte) parce que ce serment est entaché de formules idolâtriques.

Cette habileté misérable ne leur fut d’aucun secours. Dédaignant toutes ces subtilités, Maximin donna l’ordre de décimer les guerriers chrétiens. Cette hécatombe apaisera-t-elle sa colère ? Non, le sang n’a fait que le mettre en goût, et il donne maintenant un nouvel ordre : celui de les massacrer entièrement. En vain, s’efforcent-ils de le fléchir par une supplique des plus respectueuses : César demeure