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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/94

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dans un temple, s’écrièrent soixante fois : « Claude auguste ! que les dieux te conservent pour nous ! » Quarante fois : « Claude auguste ! nous t’avons toujours désiré pour prince, ou un qui te ressemblât » ; quarante fois : « Claude auguste ! la république te demandait » ; quatre-vingt fois : « Claude auguste ! tu es un frère, un père, un ami, un bon sénateur, un vrai prince » ; cinq fois : « Claude auguste ! venge-nous d’Aureolus » ; cinq fois : « Claude auguste ! venge-nous des Palmyréniens » ; sept fois : « Claude auguste ! venge-nous de Zénobie et de Victoria » ; sept fois : « Claude auguste ! Tetricus n’y est pour rien. » Les litanies de l’Église catholique n’ont pas d’autre origine.

Le respect pour le polythéisme n’existait plus. Rome, conquérante astucieuse, non seulement avait laissé aux peuples vaincus leurs dieux nationaux, mais même les avait accueillis dans son Capitole. En se multipliant, toutes ces divinités grotesques et contradictoires s’annihilaient. Le seul Dieu des chrétiens, mystérieux, immatériel, fut banni de ce temple. Il y gagna d’échapper au discrédit qui atteignait ses confrères. Au contraire, plus ceux-ci baissaient dans l’esprit public, plus l’attirance irrésistible de l’inconnu portait les foules névrosées vers celui qu’annonçaient apôtres et martyrs.

Sous Dioclétien, les temps étaient devenus orageux pour les chrétiens ; le paganisme, atteint à mort, se défendait par les supplices et les proscriptions. C’était en vain : subtils et tenaces, les nouveaux croyants envahissaient peu à peu toutes les fonctions ; ils arrivaient surtout par les femmes.