Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/95

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De tout temps, la femme, sensitive et impressionnable, a été courtisée par ceux qui veulent arriver. Au service d’une idée, d’un parti ou d’un homme, elle déploie une terrible force nerveuse. Les uns s’adressent à ses sens, les autres à son imagination ou à ses caprices, combien à sa raison ? Le paganisme avait fait de la femme un instrument de plaisir, propre, en outre, à donner des citoyens à l’État : le gynécée ou le lupanar, tel était son lot. Quand l’antique dureté romaine se fut un peu émoussée, la femme devint plus libre mais, alors, la débauche la prit.

Le christianisme proclama l’émancipation pour tous et, en haine du grossier sensualisme qui prévalait, fit de la virginité et du célibat une condition supérieure au mariage. Peut-être, aussi, était-ce un conseil prudent aux néophytes afin qu’ils n’attirassent pas sur d’autres têtes les persécutions qui les menaçaient : celui qui a compagne et enfants, généralement, milite mal et se soustrait avec peine aux dangers. Quoi qu’il en soit, il n’y eut pas là de règle absolue, les unions même de prêtres furent tolérées. Seulement, les apôtres, cherchant à régénérer la société par une nouvelle constitution de la famille, proclamèrent l’indissolubilité des mariages.

Les femmes prirent parti pour le christianisme qui saluait leur relèvement et les persécutions ne firent, comme cela arrive toujours, qu’exalter leur enthousiasme. Un grand nombre, sous le nom de diaconesses, formaient une véritable milice sacerdotale ; leurs fonctions étaient d’assister les évêques, de porter leurs ordres, d’ensevelir les femmes