Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Du reste, la névrose s’étendait à toute cette société ; c’était le mal de l’époque et les puissants, qui foulaient aux pieds le monde, se hâtaient de jouir vite, comme frappés du pressentiment d’une chute prochaine.

L’empereur plongé dans les voluptés ou accablé par les affaires, le Sénat sans autorité, la religion sans prestige, le peuple sans cohésion, il était évident qu’aux premières poussées un peu vigoureuses, tout s’effondrerait.

D’où viendrait le choc ? Trois forces étaient en présence : le christianisme, les esclaves, les barbares.

Le christianisme : cherchant, au début, à se réaliser par la force, la force l’avait trahi ; il avait été vaincu dans la Judée, son berceau ; dès lors, il s’était transformé, de politique il était devenu moral et de révolutionnaire évolutionniste, s’attachant à conquérir les hommes un à un, afin de posséder un jour la société et le pouvoir.

Les esclaves : presque partout, la corruption romaine les avait gangrenés. Victorieux, ils eussent été, au moins, aussi exécrables que leurs maîtres. Le christianisme en avait moralisé quelques-uns, mais, s’écartant peu à peu de sa voie initiale, il arrivait, le plus souvent, à leur ôter toute énergie, toute initiative. Ce sera, du reste, le rôle du christianisme pendant de longs siècles, de tuer la spontanéité au sein des masses dont il se fera l’éducateur. Sans conceptions sociales, sans but défini, sans science d’aucune sorte, les révoltes d’esclaves et de prolétaires avaient été noyées dans le sang en Sicile, en Espagne et en Gaule.